L’école Rosalie-Jetté fait partie de l’histoire du Québec et nous ramène aux origines de la C.E.C.M. (la CSDM actuelle), plus précisément en 1946, date de la création de la Commission des écoles catholiques de Montréal. Deux ans plus tard, Mgr Ignace Bourget demanda à Mme Rosalie Cadron- Jetté de fonder une communauté pour venir en aide aux jeunes filles enceintes.
Rosalie Cadron est née à Lavaltrie en 1794 et s’est mariée à Jean-Marie Jetté dont elle devint veuve en 1832, après avoir eu onze enfants. Elle décida alors de consacrer le reste sa vie à aider les pauvres. Elle s’adjoignit quelques compagnes avec qui elle prit soin des futures mamans dont certaines habitent chez elle. En 1848, à la suite de la demande de Mgr Bourget, elle fonda l’Institut des Sœurs de Miséricorde.
L’œuvre des Sœurs de Miséricorde a été associée durant plus d’un siècle à l’histoire de Montréal. À cette époque, les filles qui devenaient enceintes étaient jugées très sévèrement. Elles devaient partir de la maison, vivre leur grossesse dans le secret et abandonner leur enfant à la crèche avant de réintégrer leur milieu familial. Les Sœurs de Miséricorde accueillaient les mères célibataires, les faisaient travailler avant et après la grossesse et s’occupaient de l’adoption des enfants. En 1946, des services scolaires ont été demandés à la C.E.C.M. pour scolariser les enfants de 6 et 7 ans qui n’avaient pas été adoptés. (Entente 1946 à 1957)
Les choses changèrent à partir de 1960 lorsque la C.E.C.M. a répondu à la demande d’une religieuse des Sœurs de Miséricorde pour obtenir des services scolaires pour permettre aux filles enceintes de continuer des études durant la grossesse. C’est le départ des discussions pour obtenir une école pour adolescentes enceintes. L’école Rosalie-Jetté, fondée en 1974 et située au 5100, rue Bossuet, dans le quartier Mercier-Hochelaga-Maisonneuve a été ainsi nommée en l’honneur de la fondatrice de l’Institut des Sœurs de Miséricorde.
L’école accueille de jeunes adolescentes enceintes ou de jeunes mères avec jeunes enfants pour répondre à leur réalité. Les filles arrivent à tout moment de l’année avec leur propre histoire… un point commun, elles sont toutes de belles adolescentes. L’établissement offre un milieu de vie et d’apprentissage ainsi qu’un programme académique adapté qui permet aux mamans d’étudier et de maîtriser leur nouveau rôle de mère.
Les élèves suivent des cours obligatoires, d’autres sur la périnatalité, la psychologie de l’enfant, la cuisine et la gestion de l’argent. Les jeunes mères partagent leur vécu et apprennent à leur rythme de façon individuelle. Ce qui leur permet d’accoucher et de revenir poursuivre leurs études. Elles peuvent allaiter sur place et bénéficier du service de la garderie Carcajou également sur place.
Les mères adolescentes ont besoin d’un bon entourage. Les difficultés rencontrées sont énormes. Il existe plusieurs modèles d’aide : la famille, la famille élargie, les amis, les intervenants de l’école et les appartements supervisés pour mères monoparentales. Le grand défi est d’obtenir un diplôme secondaire, un DEP, de poursuivre au CÉGEP et pour quelques-unes, à l’université sur une période de 5 ans. Les élèves passent les examens du ministère de l’Éducation lorsqu’elles sont prêtes. Le taux de réussite est de 100 %. L’école est reliée à l’école Marie-Anne, une école secondaire pour jeunes adultes qui désirent retourner aux études. Selon une intervenante que j’ai rencontrée pour rédiger cet article, il faut retenir que les filles sont des COURAGEUSES qui doivent concilier jeunesse et famille.
Rosalie-Jetté est toujours en quête de financement. Les familles, la fondation Opti-vie, Ma place au Soleil et d’autres organismes apportent de l’aide… mais c’est insuffisant. Depuis plus d’une dizaine d’années, le secteur Parc Maisonneuve recommande annuellement à la Fondation Laure-Gaudreault de verser un montant d’argent pour venir en aide à des élèves qui fréquentent l’école Rosalie-Jetté.
Louise Richard, qui était à l’époque responsable sectorielle de la FLG, a été la première à suggérer que notre secteur parraine une demande de subvention pour que cette école obtienne des dons de la Fondation. Depuis ce temps, chaque année, lors du dernier déjeuner en juin, une représentante de l’école Rosalie-Jetté vient recueillir un chèque de la Fondation Laure-Gaudreault.
Merci à l’équipe extraordinaire de professeurs dévoués, d’intervenants et de donateurs de faire de cette école un lieu de SOURIRE et de BONHEUR.
Monique Laplante-Tawil
Secteur Parc Maisonneuve (06-K)
Responsable sectorielle de la FLG
Texte paru dans Échos de l’Île – Janvier 2019 Volume 17, numéro 2, pages 14 et 15